En récompensant l’écrivain argentin Daniel Montovani, le Prix Nobel de Littérature consacre « un auteur au talent intarissable », exilé depuis 40 ans en Europe. Depuis sa résidence barcelonaise, l’homme fuit les honneurs et refuse sollicitations et mondanités. A l’exception d’une seule invitation : à Salas, son village natal, près de Buenos Aires, prêt à fêter l’enfant prodige. Il y sera fait illico Citoyen d’honneur, car ses compatriotes sont fiers de sa réussite. Enfin, presque tous…
Comme ce type qui lui reproche de s’être servi des gens de Salas dans ses romans en donnant d’eux une image peu flatteuse. Ou les élus qui ne comprennent pas qu’il refuse de privilégier les artistes locaux lors d’un salon de peinture. Il retrouve aussi un copain d’enfance mal marié avec son ancienne compagne. Bref, la réalité sociale n’est pas celle de ses fictions. Et son choix de rester un anti-héros modeste proche des siens en prend un coup. Heureusement, il participe aussi à des moments jubilatoires et plein d’humour.
Le nouveau film des deux amis, Mariano Cohn et Gaston Duprat, est souvent à cheval sur deux registres : fiction et docu, comédie burlesque et amertume désabusée. Avec quelques belles réflexions sur la fonction de la littérature et la place de la culture, en même temps que sur la vanité et la solitude de l’écrivain rattrapé par son passé. Oscar Martinez, incarne magnifiquement ce beau portrait d’artiste revenu de quelques illusions. Donnons au moins la palme de l’originalité à ce Citoyen d’honneur finement traité.
Blognote : 4 / 5