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A la fin du 19° siècle, une partie du Congo, le Cabinda, est encore sous protectorat portugais. Des comptoirs commerciaux installés le long du fleuve Congo, servent de base à de juteux trafics : or, ivoire et esclaves... C’est dans un de ces villages de brousse, que débarquent du vapeur deux colons portugais. Ridicules « Laurel et Hardy à la Compagnie », boudinés et suffocants dans leur livrée immaculée. On se dit que cet Avant-poste du progrès qu’ils pensent investir n’est qu’une farce. Où un piège.

 

Le grotesque tient à leur naïve assurance avec les autochtones, autant qu’au contraste dans les modes de vie. Qu’ils se fassent servir les repas avec couverts en argent sur une nappe blanche et sous un lustre de cristal ; où qu’ils initient leurs hôtes à l’eau de vie et aux effets planants de la quinine, ils restent de pitoyables conquistadors. Prisonniers du « pourrissoir tropical » où ils se perdent, faute d’une vision claire de leur mission. Rencontre illuminée, lente dérive hallucinée… Dans le huis clos étouffant de la jungle, les deux héros sont cuits à l’étuvée.

 

Hugo Viera da Silva filme leur descente aux enfers avec une lenteur, une ironie et une poésie infinies. Sans référence historique ni repère, ce qui ne facilite pas la compréhension, mais avec un choix assumé du décalage. Entre fable onirique et aventure métaphysique, cet Avant-poste du progrès est un théâtre d’ambiguïté ou ressurgissent les fantômes du passé colonial. Mais le ton burlesque et étrange donne à ce film une résonnance terriblement moderne, finalement. Malgré son manque de rythme et son désordre, cet ovni est sauvé par son originalité. La photo est magnifique et les deux acteurs excellents.

 

Blognote : 3,5 / 5

Tag(s) : #cinéma
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