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Crosswind : facinante pantomime

14 juin 1941, Staline commence la déportation de 10000 Estoniens en Sibérie, dont une majorité de femmes et d’enfants. Dans le clair-obscur d’un village, un long travelling fait défiler les habitants. Ils ont l’air figés dans des gestes quotidiens. Ils ont l’apparence de vivants, mais sont pétrifiés comme au musée Grévin. Seul le mouvement de la caméra semble animer ces statues. On voit aussi Guthur, sa femme Erna et leur petite fille : ils ont l’air heureux. Comme d’autres familles, ils vont être raflés puis entassés dans un train. Ils sont 51 du même village à partir et les hommes seront bientôt séparés. Le voyage des femmes durera 26 jours, avant que le convoi arrive dans un kolkhoze Sibérien.

Le film a été réalisé à partir des lettres retrouvées d’Erna à son mari. Elle y raconte son terrible quotidien dans les camps de travail. Et tient le coup en s’accrochant à son passé et en ne désespérant jamais de l’avenir, même quand elle perd sa fille. Ces lettres sont bien sûr émouvantes. Et comme il n’y a pas d’autre témoignage de ces camps, Martti Helde a choisi d’en reconstituer la vie à partir des descriptions précises d’Erna. D’où l’original procédé de mise en images, façon pantomime immobile. Cela donne une mise en scène magnifique, accentuée par le choix du noir et blanc. Avec des plans d’une grande beauté plastique et d’une belle force émotionnelle. Finalement Erna est rentrée chez elle à la mort du « camarade/tyran » et elle a attendu 42 ans pour avoir confirmation de la mort de son mari…

Tag(s) : #cinéma, #Compétition Festival 1ers plans 2015
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