La ville ressemble à un décor de western. Avec grand-rue sans âme qui vive. Sauf qu'ici, on grelotte sous la neige ! Le bistrot n’a qu’un client. Et en face, le commerce de pompes funèbres périclite. Le croque-mort n’a même plus de quoi payer son fidèle adjoint, ni son jeune employé. Un jour quand même, un mort est annoncé. Il faut l’accompagner jusqu’au cimetière, à travers une campagne déserte et glacée. La route est piégeuse, mais « un corbillard, ça ne fait jamais demi-tour ! »
Autour de ce road-movie du cercueil, Gérard Pautonnier réalise un premier film assez drôle : « dans le métier de croque-mort, quoi qu’on fasse, on arrive toujours trop tard…» Un western grelottant et géographiquement à l’Est, puisque en partie tourné en Pologne. Mais l'ovni est plutôt rigolo, avec des personnages carrément à l’Ouest, nourris à la comédie belge. Pour compléter les références, on pourrait même retrouver dans cet avis de Grand froid, les décors dépouillés de Beckett, la fantaisie de Kaurismaki, le ton décalé de Benchétrit.
Humour noir et rire jaune pour une comédie loufoque mais pas absurde, où tout le monde prend son temps. Les jeux d’observation et de patience de Georges et Eddy finissent même par installer deux visions de la vie et de la mort. Le côté jubilatoire tient aussi aux dialogues soignés dignes des pataphysiciens : « est-ce qu’on passe plus de temps à être pas né qu’à être mort ? » La musique qui vient du blues est bonne et les acteurs excellents, en particulier le tandem formé par Jean-Pierre Bacri et son jeune complice Arthur Dupont.
Blognote : 3,5 / 5