A peine plus grande que l’Île d’Yeu, Lampedusa, au large de la Sicile, est située à une centaine de kilomètres des côtes africaines. L'île compte 5000 habitants en hiver. Activités principales : tourisme, pêche… et accueil de migrants ! Lampedusa passait pour être une des têtes de ponts pour l’entrée en Europe de réfugiés Africains. Mais la traversée n’est pas sans risque : depuis l’an 2000, 23000 Libyens, Erythréens… et Syriens ont péri en mer.
Le documentaire de l’Autrichien Jakob Brossmann a été réalisé après le naufrage, en octobre 2013, d’une embarcation où 365 clandestins ont péri au large de l'île. La caméra montre les épaves de précédents naufrages. Elle s’attarde aussi sur les migrants secourus dans l’urgence. Elle montre surtout la solidarité des îliens qui dépassent les problèmes liés à leur propre insularité, pour en affronter un autre qui ressemble à Sisyphe. La grève des pêcheurs pour obtenir un ferry en bon état pour assurer les liaisons avec le continent est déjà un vrai souci.
Avant d’embarquer pour le continent, les candidats à l’exil doivent patienter sur l’île. Le temps de « trier » les bénéficiaires du droit d’asile … et les autres. En attendant, garde côtes, policiers, maire, pêcheurs et bénévoles ne ménagent pas leur peine. Avec un militantisme qui ne se cache pas, le documentaire dénonce le manque de cohésion sociale de l’ensemble des politiques européennes concernant les réfugiés. Il montre aussi l’humanité des gens qui font face à la détresse de leurs semblables. Car « Lampedusa, n’est nullement le terreau de la xénophobie ». Surtout l'hiver, quand les touristes sont partis...